CUBA - Actualité (1990-1996)

CUBA - Actualité (1990-1996)
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République de Cuba

Politique intérieure

Le 10 octobre 1991 s’ouvre le IVe congrès du Parti communiste cubain à Santiago. Fidel Castro justifie le maintien d’une stricte orthodoxie marxiste dans l’île.

Le 20 janvier 1992, Eduardo Diaz Betancourt est exécuté. Il avait tenté de s’infiltrer dans l’île à la tête d’un commando armé de 3 exilés cubains en décembre 1991.

Le 12 juillet, le Parlement cubain adopte une réforme constitutionnelle. Elle prévoit l’élection des députés au suffrage universel direct à bulletin secret, s’engage à respecter la liberté religieuse, garantit les investissements étrangers, limite la propriété socialiste aux moyens de production «fondamentaux» et autorise la vente de terres par les petits propriétaires à d’autres personnes privées.

Le 24 février 1993, pour la première fois depuis 1959, les Cubains élisent au suffrage universel direct et à bulletin secret les membres d’une nouvelle Assemblée nationale du peuple sur une liste du Parti communiste, en l’absence, il est vrai, de listes d’opposition. Le lendemain, Fidel Castro fait allusion à l’éventualité de son départ mais, le 15 mars, l’Assemblée nationale du peuple le réélit à la tête du Conseil d’État pour un mandat de 5 ans.

Le 21 décembre, après les nombreux Cubains qui ont émigré au cours de l’année, la fille de Fidel Castro, Alina Fernandez Revuelta, qui critique depuis longtemps le régime de son père, arrive aux États-Unis après être passée par Madrid.

Vie économique

En 1990, les autorités cubaines décrètent un rationnement de l’énergie, Moscou ayant diminué de 20 p. 100 ses livraisons de pétrole.

En 1991, la situation économique de l’île devient plus précaire encore avec la dissolution du C.A.E.M. et la désagrégation de l’Union soviétique. La part des pays de l’Est dans le commerce extérieur de Cuba était de 90 p. 100, celle de l’U.R.S.S. de 75 p. 100.

En 1992, le gouvernement s’efforce, par une politique d’ouverture aux investissements étrangers, de compenser la diminution des ressources due à l’arrêt des importations de sucre par la Russie.

En 1993, la récolte de sucre est mauvaise, les prix des autres produits d’exportation (nickel, poissons, crustacés) baissent. Fidel Castro annonce un plan de sauvetage économique, prévoyant la possibilité pour les Cubains d’utiliser le dollar dans les magasins précédemment réservés aux étrangers et de le déposer en banque, une plus grande ouverture aux capitaux étrangers et des facilités accrues pour les Cubains expatriés. En mai, Cuba et la Russie s’accordent pour créer des joint-ventures et un partenariat dans la production de sucre, de pétrole, d’engrais et de biens d’équipement. La résolution finale de la IIIe Conférence ibéro-américaine (juillet) demande implicitement l’arrêt de l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.

En 1994, la récolte sucrière atteint son plus bas niveau depuis 30 ans. Le 4 août, l’Assemblée nationale adopte un projet de loi qui prévoit l’instauration progressive et généralisée des impôts. La marche vers l’économie de marché se poursuit lentement.

Le 7 septembre 1995, l’Assemblée nationale adopte un projet de loi qui autorise la création, avec beaucoup de restrictions, de sociétés à capitaux totalement étrangers. Depuis la loi de 1990, qui permettait la constitution de sociétés à capitaux mixtes où les intérêts cubains étaient majoritaires, quelque 2 milliards de dollars ont été investis dans l’économie cubaine depuis l’étranger.

En 1996, la reprise économique se confirme, dopée par la progression de la récolte sucrière et l’essor du tourisme, et ce malgré le renchérissement du cours du pétrole et les ravages causés, en octobre, par le cyclone Lili. Les réformes se poursuivent: augmentation de prix, réduction des subventions, introduction des impôts. L’assainissement des finances publiques commence à porter ses fruits: le peso se réévalue vis-à-vis du dollar. Le manque de devises – les transferts de la diaspora représentent tout de même 500 millions de dollars – et l’impossibilité de renégocier la dette extérieure de 10,5 milliards de dollars – l’île n’est pas membre du F.M.I. – sont les principaux handicaps de l’économie cubaine. Les autorités admettent pour la première fois l’existence du chômage, qui toucherait 7 p. 100 de la population active.

Relations internationales

Le 29 novembre 1990, Cuba (et le Yémen) vote contre la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant le recours à la force contre l’Irak, qui a envahi le Koweït le 2 août.

Le 11 septembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev rappelle 11 000 des 14 000 hommes du contingent qui stationnaient sur l’île.

Le 18 avril 1992, George Bush fait interdire l’accès aux ports américains à tout navire commerçant avec Cuba.

Une vente de sucre est faite, pour la première fois, à la Corée du Sud.

Les 23 et 24 juillet, Fidel Castro participe au deuxième sommet ibéro-américain qui a lieu à Madrid et où il tient la vedette.

L’amorce d’une normalisation des relations avec la Russie intervient avec la signature, le 3 novembre, d’un accord commercial qui prévoit notamment des échanges de sucre contre du pétrole et la reprise de la construction de la centrale nucléaire de Juragua.

Le 20 février 1993, visite officielle du ministre iranien des Affaires étrangères: l’Iran projette de doubler la quantité de sucre achetée à Cuba et de continuer à lui fournir du pétrole.

Le 22 novembre, le président chinois Jiang Zemin achève la première visite d’un chef d’État chinois à Cuba depuis 1959.

Le 4 mars 1994, malgré l’expulsion du Canada de 3 diplomates cubains le mois précédent, le ministre canadien des Affaires étrangères André Ouellet déclare que son pays va accorder une aide à Cuba, pour la première fois depuis 10 ans.

En août, les affrontements opposant les candidats à l’émigration aux forces de l’ordre se multiplient. Fidel Castro menace les États-Unis de les submerger sous un exode massif de réfugiés en libéralisant l’émigration, s’ils ne prennent pas des mesures pour dissuader les balseros . Le 18, devant l’afflux de réfugiés, les États-Unis décident de les placer en détention sur la base américaine de Guantanamo, située sur l’île de Cuba, et menacent de soumettre l’île à un blocus total.

Le 9 septembre, Washington et La Havane aboutissent à un compromis: les États-Unis acceptent d’accueillir au moins 20 000 Cubains par an et Cuba s’engage à prendre des mesures en vue de limiter l’émigration, «essentiellement par la dissuasion». Quelque 30 000 Cubains ont quitté l’île sur des embarcations de fortune depuis le début d’août.

Du 13 au 16 mars 1995, Fidel Castro effectue sa première visite en France. Il salue à cette occasion la «fin de l’apartheid» à l’encontre de son pays.

Le 2 mai, Washington et La Havane rendent public un accord qui prévoit que les États-Unis accueilleront sur leur sol les 21 000 balseros détenus sur la base de Guantanamo, mais qu’ils refouleront tous les boat people à venir. Cet accord constitue un revirement de la politique américaine à l’égard des réfugiés cubains.

Les 31 mai et 1er juin, les autorités libèrent 6 prisonniers politiques à la demande d’une mission des droits de l’homme dont Fidel Castro avait accepté la visite lors de son voyage en France.

Le 24 février 1996, la chasse cubaine abat 2 avions civils américains affrêtés par l’organisation anticastriste Les Frères du secours, à une trentaine de kilomètres au nord de l’île. Cette organisation, dont la vocation est d’aider les Cubains qui fuient l’île sur des embarcations de fortune, avait déjà effectué des largage de tracts au-dessus de Cuba. Le 26, opérant un revirement dans sa politique cubaine, le président américain Bill Clinton annonce le renforcement des sanctions contre Cuba.

Le 6 mars, le Congrès des États-Unis adopte le projet de loi Helms-Burton qui prévoit notamment que les Américains spoliés par les nationalisations réalisées par le régime communiste cubain pourront attaquer en justice tout gouvernement, société ou individu qui participerait à l’exploitation de leurs anciens biens. Le Canada, l’Union européenne et les pays latino-américains dénoncent cette disposition qui pénalise les échanges avec La Havane. Bill Clinton signe la loi le 12 mars mais, le 16 juillet, il en suspend l’application pour 6 mois.

Le 19 novembre, Fidel Castro est reçu en audience privée par le pape Jean-Paul II, au Vatican, en marge du sommet de la F.A.O. qui se tient à Rome. Jean-Paul II est hostile à l’embargo américain contre l’île communiste. Fidel Castro invite le pape à Cuba et promet une libéralisation de la vie religieuse dans son pays.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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